mardi 4 mai 2010

1953-55 : La Playlist


Ces trois années voient apparaître le rock'n'roll, qui explosera à la fin de la décénnie, et qui vient s'ajouter ici au jazz, à la country, à l'âge d'or de la chanson française et à l'émergence des musiques du monde. Qui a dit que les années 50 sont chiantes ? Personne j'espère…

1. Elvis Presley – That's All Right Mama (1954) : l'acte de naissance du rock, "le jour où la musique s'arrêta", quand un jeune et beau camionneur de Memphis enregistra cette reprise du bluesman Arthur Crudup, et en face B, un morceau de country dont il sera question plus bas.


2. Little Richard – Tutti Frutti (1955) : quoi de plus jouissif que Little Richard ? L'éxubérante tata de New Orleans invente un style vocal qui fera des heureux dans la décénnie suivante (McCartney, Creedence) et arrive à balancer au grand public qui ne s'en rend pas toujours compte, des chansons sur des travelos qui hantent les bas-fonds de sa ville natale. Le tout sur un rythme à réveiller les morts.




3. Chet Baker – My Funny Valentine (1954) : le trompettiste classique Romain Leleu a dit de son instrument qu'il est une extension de la voix. Et vice versa. Chet chante comme il joue, avec un phrasé unique propre à faire fondre les cœurs les plus endurcis.


4. Boris Vian – Le Déserteur (1955) : écrite juste alors que la guerre d'Indochine laisse la place à celle d'Algérie, cette magnifique chanson –bien sûr interdite d'antenne- ne doit pas faire oublier aussi la dizaine d'autres titres plus légers que le grand Boris enregistra en 1955, sans aucun succès d'ailleurs.




5. Johnny Cash – Folsom Prison Blues (1955) : c'est en Allemagne, exilé dans sa base militaire, que le jeune natif de l'Arkansas imagine cette histoire de trains et de prisons –deux grands thèmes de la chanson sudiste. Lorsque la country se transforme en rock'n'roll…


6. Bill Haley & the Comets – Rock Around The Clock (1954) : … ça donne le rockabilly, popularisé par le papy à l'accroche-coeur, un peu oublié de la légende du rock, mais qui fut pourtant le premier à utiliser le terme en musique, avec un immense succès populaire.



7. Sarah Vaughan – Lullaby Of Birdland (1955) : associée à Clifford Brown (trompette) mais aussi le fabuleux Herbie Mann à la flûte, Sarah enregistre pour Mercury un album inoubliable de swing et de justesse.


8. Dean Martin – That's Amore (1953) : les mandolines, le soleil, le port de Naples.. la folie italo envahit les USA en 1953 avec ce méga-tube qui fait immédiatement penser aux Soprano ou à Scorcese. A lire absolument : la bio de Dean Martin par Nick Tosches.



9. Bill Monroe – Blue Moon Of Kentucky (1954) : donc, en 1954, Elvis reprend "Blue Moon Of Kentucky" en face B de son premier 45 tours. En entendant ça, Bill Monroe, le vieux patriarche du Bluegrass, flaire les gros sous, et réenregistre son standard. Le résultat dépasse à la fois l'original et la version d'Elvis. Sublime.



10. Big Joe Turner – Shake, Rattle and Roll (1954) : Joe Turner est de la génération des blues shouters, ceux qui n'ont pas toujours connu le micro. Une voix hénaurme, un swing irrésistible, des paroles salaces : Bill Haley en fera un hit (en édulcorant quelque peu le texte).


11. Grand Kallé & African Jazz – Ambiance Kallé Catho (1954) : Dans les années 1950, sur les deux rives du fleuve Congo, à Kinshasa et à Brazza, les premiers groupes de rumba africaine enregistrent. Une relecture jouissive, à l'Africaine, des rythmes des Caraïbes, qui ont retraversé l'Atlantique, avec une utilisation unique (et hyper moderne) de la guitare électrique.
Ambiance…