mercredi 22 juillet 2009

Pink Floyd - The Dark Side Of The Moon (1973) : le DVD



Abordons 1973 avec un de ses sommets musicaux, à savoir Dark Side, mais en DVD. Cette fois-ci l'article est de Guillaume Lebouis, et il est paru sur Jowebzine et etat-critique.com

OBJECTIF LUNE : Encore un volume formidable de la formidable collection Classic Album, qui permet de (re)découvrir un monument de la planète rock. Essentiel.

Album boursouflé de prétention, rempli de paroles niaises, tout juste bon à tester les chaînes hi-fi des bobos pour certains, ou disque d’une grande richesse mélodique et d’une inventivité musicale inégalée depuis les Beatles pour d’autres, "Dark side..." ne laisse pas indifférent et son élaboration peut intéresser tous les amoureux du rock.

Aussi, retracer en 80 minutes seulement la construction d’un monument de la musique rock peut sembler réducteur. Pourtant, ce Classic Album parvient grâce à sa structure impeccable et à la qualité de ses intervenants (les Pink Floyd au grand complet !) à bien réinstaller l’album dans son époque ainsi que dans l’évolution du groupe. D’autant que l’ensemble des membres du Floyd, Waters y compris, joue le jeu des anecdotes et des prestations musicales acoustiques ou solistes qui font la marque de la série.

On peut ainsi être surpris par le manque de précision des prestations de Gilmour, sans doute dû à une trop grande décontraction mais surtout à un "manque de jeu". Le bon vieux David donnant ici souvent l’impression d’être un peu rouillé. À l’inverse, son interprétation acoustique de Breathe, révèle la beauté nue de sa voix de cristal. Un moment magnifique. De même, son enthousiasme semble bien réel quand il manipule le Synth EA, ancêtre des sampleurs modernes où quand il joue de la steel guitar.

Bien que certaines de ses interventions se révèlent totalement incompréhensibles, Roger Waters par la spontanéité de ses prestations musicales et sa grande disponibilité brise un peu son image de monstre hermétique et froid. On ne pourra qu’être émerveillé à l’écoute des démos originales de Money et de Time qu’il dévoile ici avec une grande générosité. De même, ses interprétations acoustiques de Brain damage et de Money, sur lequel il avoue ne plus pouvoir atteindre la tonalité d’origine, nous permettent de redécouvrir un artiste talentueux et sincère. Enfin, sa saine philosophie des silences dans la musique, laissera quant à elle totalement circonspect, tous ceux qui ont pu écouter ses dernières prestations live un peu trop massives et grandiloquentes.

Mais, outre ces deux leaders, ce documentaire fait la part belle aux interventions de Richard Wright, pianiste inspiré et compositeur essentiel du monument "Dark side..". Musicien issu du Jazz, Wright a apporté au groupe son talent mélodique indéniable à l’instar du refrain de Us and them qu’il trouva en cours d’enregistrement, ainsi que ses connaissances musicales (et son goût sûr). On lui doit notamment la montée d’accords si particulière du couplet de Breathe, enchaînement qui lui a été inspiré par son écoute approfondie du Kind of blue de Miles Davis. Seul regret côté musicien, Nick Mason, pourtant fantastique batteur, est un peu trop en retrait.

Côté recherches musicales, ce DVD nous enseigne que de nombreuses trouvailles sont parfaitement artisanales, contrairement à l’image synthétique et clinique du groupe. Ainsi, certaines prouesses techniques étaient le fruit d’un long travail de collage manuel (la bande de Money). De même, le mixage des boucles samplées (comme sept ans plus tôt les Beatles pour Tomorrow never knows) était, en l’absence du dieu informatique, un véritable « spectacle rythmique chorégraphié ». De même, de nombreuses structures sont issues de longues répétitions et des tournées du groupe, ce qui brise un peu l’image des Floyd simple laborantins de studios.

Seule véritable critique, le sous-titrage en français est parfois un peu approximatif voire totalement surréaliste. Devant le sérieux des interlocuteurs, ces approximations sont quelques fois comiques, comme sur le long passage consacré à la pochette, traduite ici par "housse".

Un documentaire essentiel pour tous ceux qui aiment le rock.

Guillaume Lebouis

© Etat-critique.com - 30/11/2008

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