lundi 28 décembre 2009

J'ai pas aimé : Yeah Yeah Yeahs - It's Blitz


Ca, un des disques de l'année ? Vous voulez rire, non ? C'est pourtant ce qu'annonce la presse musicale branchée anglo-saxonne. On a pas vraiment écouté le même disque. Revue de presse et rectifications s'imposent.

Les critiques branchés sont des gens bizarres. Ils peuvent recevoir tout le catalogue de tous les labels du monde, et ce en un claquement de doigts, et pourtant leurs choix de fin d'année sont non seulement tous les mêmes, mais ils ne se concentrent que un seul (micro) style : le rock dit "indé". Bon, par diplomatie, ils y ajoutent un quota de hip hop, discrimination positive oblige, mais sinon on a l'impression que tous ces beaux messieurs à lunettes gravitent non-stop autour de l'astre Radiohead depuis maintenant 10 ans. Eh les gars, d'autres galaxies musicales existent, et en plus elles ne sont pas à des années lumière !!

Au lieu de ça on va donc se taper dans les traditionnelles listes de fin d'année de l'electro pas trop electro non plus, des groupes avec des noms bizarres, et je vous parle même pas des pochettes. Bon, par-ci par-là il y a aussi des bons trucs (Fever Ray, Grizzly Bear à la rigueur), mais sinon il faut en avaler des couleuvres post-eighties, du folk sous éther et du disco réfrigéré.

Là, cette année, outre les Animal Collective (là je préfère même pas chroniquer) et les XX, on a l'indigeste album des Flaming Lips, ou encore, ces Yeah Yeah Yeahs (comme dirait Coluche, "rien qu'le nom m'amuse").

Bon, pour tout vous dire, en écoutant "It's Blitz !", je ne connaissais rien d'eux. Paraît qu'ils avaient "créé le buzz" au début des années 2000, puis enregistré leur album-référence "Fever To Tell", en 2003. Depuis, on y a trempé l'oreille : du rock genre post-punk porté par des guitares impeccablement cradingues. Du genre assez enervé, mais pas non plus de quoi faire perdre le moindre bourrelet à Beth Ditto.

Mars 2009 : sortie de "It's blitz!", et là , grand branle bas dans la maison branchaoui. On crie à l'album de la maturité, au chef d'œuvre. Décembre 2009 : l'album se classe n°2 de l'année selon Spin Magazin et Amazon USA, et 3e pour le britannique NME.

C'est là qu'on l'écoute, et que vraiment, on ne comprend pas. Visiblement, le groupe a pris un tournant electro. C'est clair dès le premier morceau, le single Zero : les guitares laissent place à des synthés et à un bon gros beat pachydermique. La voix de Karen O, la charismatique chanteuse, s'est assagie, et chacun de ses petits cris de belette semble calculé au milimètre, et sexuel comme une porte de congélo.

Les groupes de la scène de Brooklyn sont fascinés par les années 80, par Blondie et Siouxsie, et c'est carrément criant chez les Yeah Yeah Yeahs (sur Off With Your Head). Le groupe alterne ensuite les tempos, proposant du pop, de l'athmosphérique épique à la Arcade Fire, du rock. Le problème est que tout cela sonne bien terne. Pas totalement désagréable à écouter, mais ils ont le don de rendre leurs morceaux inintéressants au-delà des trente premières secondes. En fait ils sont idéaux à écouter par extraits sur le site d'Amazon !!

Leurs compositions manquent d'impact mélodique, tout repose sur les arrangements, sur la montée en puissance sonore, sur l'habillage, mais tout est aussi complètement noyé dans un son très générique, très propre, et froid comme un glaçon. De la musique surgelée, bonne pour le micro –ondes. Une musique qui ne laisse aucune place au hasard, à l'accident. L'agressivité, sur les morceaux plus rock (Shame and fortune) y est parfaitement tempérée, maîtrisée. Les riffs de guitares sont d'une précision chirurgicale. Du rock zéro-mort. De la pop qui sautille avec la légèreté d'un hippopotame (Dragon Queen), et rien qui n'ait déjà été entendu 10 fois et en 10 fois mieux.

La production enferme ces chansons dans un emballage plastique, lisse, cosmétique, finalement superficiel et banal. Les ballades confinent à la niaiserie. Et pourtant on les adore. Pitchfork leur met la note de 8.1 (attention, pas 8.2, hein..). Bon, l'exception qui confirme la règle, les Inrocks sont déçus.
A part ça , écoutez plutôt l'album de Fredo Viola, si vous voulez du moderne, j'ai adoré mais Pierrot Loosdregt a été plus rapide, pour la chronique.

(paru sur etat-critique.com le 27.12.2009)

Voir le myspace des Yeah Yeah Yeahs

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