lundi 23 février 2009

Un livre : Terreur

Salut, salut

On va parler livres aujourd'hui.

A propos, je vais sans doute dissocier un peu les deux sites.
On trouvera dans L'Appel des posts qui ne seront pas dans River, et vice-versa. Au départ, par manque de temps pour retraduire chaque texte, mais aussi pour varier les plaisirs. Dommage d'ouvrir 2 blogs et d'en faire des clones.

Donc sur L'Appel on trouvera en plus un peu de littérature, et sur River des posts sur l'histoire des musiques traditionnelles américaines (blues, country, reggae).
Donc pensez à surveiller les 2 sites, à les mettre tous les deux dans votre blogroll, etc..


Voici pour l'instant une chronique du glacial Terreur de Dan Simmons, parue sur etat-critique.com.

Sur River vous pourrez trouver un post sur la pré-histoire du blues

Dan Simmons, grand maître du fantastique, revisite avec brio le mystère de l'expédition polaire Franklin, disparue corps et biens en 1845. Roman historique ou survival gothique et impitoyable ? Les deux mon capitaine.

Si vous trouvez cet hiver bien trop frisquet pour être honnête, alors ce livre est fait pour vous. Il n'y fait jamais plus de 0° et la température descend volontiers jusqu'à -70. Le soleil, en hiver, ne se lève jamais. Sur la banquise, personne ne vous entend crier, et encore moins trembler de froid, de faim ou d'autre chose. Un petit voyage arctique avec Dan Simmons, et la météo parisienne vous paraîtra tropicale…

Point de départ historique de ce roman, l'expédition Franklin est un des mystères les plus célèbres de l'histoire navale. Partis à la recherche du passage du Nord-Ouest qui permettrait de rejoindre le Pacifique par le nord du Canada, les deux navires de Sa Majesté Erebus et Terror, transportant 129 hommes et partis en mai 1845, sont aperçus pour la dernière fois au large du Groënland en juillet, puis plus rien. Les recherches, entamées en 1850 et qui se poursuivent encore, ont permis de retrouver quelques restes humains sur l'île du Roi-Guillaume, à l'extrême nord canadien, dépouilles qui portaient des signes de scorbut et d'un probable cannibalisme.

Avouez qu'il y a là matière fort alléchante pour bâtir un roman d'aventures. Quelques faits qui affleurent, mais une grande part d'inconnu et de mystère, autant de blancs à combler : l'idéal pour Dan Simmons, qui visiblement s'est fait plaisir, et bâtit un récit qui remonte aux sources même de l'horreur.

L'histoire commence en 1847, alors que les deux navires passent leur deuxième hiver de suite bloqués dans les glaces au fin fond de l'Arctique. En quelques pages, l'auteur, sans épargner aucun détail, plante le décor : le froid extrême, la nuit, la banquise déserte, et l'angoisse de l'équipage.
Mal équipés, mal préparés, les marins, qui commencent à souffrir du rationnement alimentaire, sont de surcroît assaillis par une créature mystérieuse, sorte d'ours blanc surdimensionné, qui surgit régulièrement des ténèbres pour en engloutir un ou deux. Après la mort tragique de Sir John Franklin, c'est le capitaine Crozier, un Irlandais alcoolique mais d'une force de caractère peu commune, qui a la responsabilité de l'équipage. Faut-il attendre un dégel improbable ou abandonner les navires et fuir sur la banquise en direction du continent ? L'arrivée à bord d'une mystérieuse jeune fille Inuit à la langue coupée vient encore accroître le mystère. S'agit-il d'une sorcière maléfique ou d'un guide qui les aidera à retrouver la civilisation ?

Superbement documenté, Terreur, comme la majorité des Dan Simmons, se lit avec avidité. Si l'histoire vous séduit, attendez vous à quelques veillées nocturnes, surtout dans la deuxième moitié du roman. La grande force de Dan Simmons, qui semble passer avec aisance de la science-fiction (le superbe cycle d'Hypérion, les délires d'Ilium et Olympos) au polar et à l'horreur, c'est de savoir utiliser toutes les ficelles du roman de genre tout en créant des personnages d'une grande épaisseur littéraire et en truffant son texte de références à l'histoire et à la littérature anglo-saxonnes (Darwin, Hobbes, Poe). Multipliant les points de vue narratifs, le roman crée une réalité multiple, où chaque événement est traité à travers la vision partielle des protagonistes. Et puis Simmons, en bon disciple de Lovecraft, sait aussi s'arrêter au bon moment, ne pas tout dévoiler (personne ne voit jamais complètement la créature), et laisser, à la fin du livre, quelques mystères irrésolus, car son but n'est pas de répondre aux questions, mais de faire surgir de l'imaginaire dans les failles de la grande Histoire, et ici de raviver des angoisses venues de la nuit des temps et des mythes les plus anciens.

2 commentaires:

Paco a dit…

Du même auteur, Hypérion 1 & 2 est un véritable classique de la SF

Nicolas a dit…

Tout à fait d'accord, Paco !
Hypérion fait tout simplement partie de mes livres préférés, tous genres confondus.