Great Black Music : un parcours en 110 albums essentiels
Philippe ROBERT (2008, Le Mot et le reste)
Philippe Robert retrace 50 ans de lutte pour la reconnaissance du peuple noir à travers cette belle anthologie, même si le choix révèle d'un fort parti-pris.
L'exercice de l'anthologie est un genre en soi dans la production littéraire sur la musique. Journaux, magazines, livres, et maintenant sites produisent sans cesse des listes des meilleurs albums de tous les temps. Pour ceux qui aiment ce genre d'exercice, ces listes sont souvent une mine d'or, d'abord pour démarrer ou compléter une discothèque, et aussi pour ce qu'elles recèlent mais aussi ce qu'elles ont oublié.
Philippe ROBERT (2008, Le Mot et le reste)
Philippe Robert retrace 50 ans de lutte pour la reconnaissance du peuple noir à travers cette belle anthologie, même si le choix révèle d'un fort parti-pris.
L'exercice de l'anthologie est un genre en soi dans la production littéraire sur la musique. Journaux, magazines, livres, et maintenant sites produisent sans cesse des listes des meilleurs albums de tous les temps. Pour ceux qui aiment ce genre d'exercice, ces listes sont souvent une mine d'or, d'abord pour démarrer ou compléter une discothèque, et aussi pour ce qu'elles recèlent mais aussi ce qu'elles ont oublié.
Grosso modo, il existe deux types de listes d'albums de tous les temps. Celles, souvent collectives, qui se veulent être à elles seules un résumé objectif de l'histoire du rock ou du genre concerné, faisant bien attention à ne rien oublier, comme celles du magazine Rolling Stone. De ce point de vue , le projet acclaimedmusic.net, du Suédois Henrik Franzon, qui recense et compile depuis des années toutes ces listes pour en faire une sorte de compilation des compilations, un méta-classement des 3000 meilleurs albums et chansons les plus acclamés, vaut vraiment le détour.
Et puis il ya les listes plus personnelles, celles qui reflètent les goûts et le parcours d'une personne, sans trop se soucier d'exhaustivité ou d'impartialité. La Discothèque idéale de notre cher Manoeuvre national en constitue un excellent exemple.
C'est un peu à cette seconde catégorie qu'appartient Great Black Music de Philippe Robert. Ce collaborateur des Inrocks, de Vibrations et de Jazz Magazine (excusez du peu) n'en est pas à sa première anthologie, puisqu'il avait déjà publié Rock, Pop, Un Itinéraire bis en 140 albums essentiels ainsi que Musiques expérimentales, une anthologie transversale.
Il a donc décidé de s'attaquer à la musique noire, sans cette fois-ci éviter systématiquement les sentiers battus. Ceci dit, il s'impose un parti-pris, qui, s'il n'est pas accepté par le lecteur, pourra faire grincer des dents. Ce qu'il appelle la "Great Black Music", selon une expression dûe à l'Art Ensemble Of Chicago, c'est la musique noire "consciente", c'est à dire porteuse des revendications du peuple afro-américain. Une musique "au poing levé" comme l'écrit Florent Mazzoleni dans sa préface.
On y trouvera donc très peu de blues, qui n'a jamais été une musique politique, ou sinon de manière codée. Les bluesmen, jusque dans les années 50-60 avaient trop peur (et à raison) de la répression pour s'exprimer haut et fort. Pas non plus de rockers noirs comme Little Richard, Chuck Berry ou Fats Domino. En fait tout ce qui est soupçonné de racolage vers le public blanc (donc toute la production Motown des années 60) est écarté. De Michael Jackson, on trouvera Off The Wall et sa pochette originale (où il ne s'est pas encore fait refaire le nez) plutôt que Thriller.
Ensuite, l'anthologie, qui commence en 1954 avec Lady Sings The Blues de Billie Holiday, et se termine avec Vietnam : Reflexions de Billy Bang (2005) fait la part belle aux années soixante-dix (72 albums sur 110), en passant très vite sur le rap et autres styles plus récents.
Cela dit, l'amateur de soul et de jazz des seventies sera plus que comblé. Chaque album fait
l'objet d'une chronique fouillée. L'érudition de Philippe Robert ne semble pas connaître de limites, et l'homme, qu'on devine très gourmand, recommande pour chaque album une bonne dizaine d'autres disques à écouter pour aller plus loin. La règle d'un album par artiste, qui a donné lieu à des choix cornéliens (notamment pour Stevie Wonder dont Talking Book a été retenu), permet à l'auteur de multiplier les pistes, allant des têtes d'affiche (Prince et Sign O The Times, Marvin et What's Goin' On, Hendrix et Electric Ladyland) à des pépites moins connues comme des albums de Joe Simon, Etta James, les Congos ou encore les excellents Meters de la Nouvelle-Orléans. Bref, un bon moment et un ouvrage de référence utile à celui qui en aura compris les limites, parfaitement assumées par l'auteur.
Liens utiles : d'abord, la liste des 110 albums
Great Black music : 110 essential albums (Microsoft Word document)
Great Black music : 110 essential albums (Lien Web vers le forum Acclaimed Music)
Egalement :
le site http://www.acclaimedmusic.net/, et ses équivalents pour le cinéma, http://www.theyshootpictures.com/ et http://www.films101.com/
Et puis, bien sûr, pour se rendre compte des trésors musicaux abordés dans ce livre, rien de tel qu'une petite playlist :
Découvrez Sly & The Family Stone!
1 commentaire:
j'avais déjà dans ma bibliothèque "Rock, Pop, Un Itinéraire bis en 140 albums essentiels", je ne manquerai pas d'acquérir ce bouquin.
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