dimanche 24 octobre 2010

1956-58 : la playlist



Si le rock'n' roll est né en 1954, il explose réellement durant ces trois années, avant la récupération commerciale qui lui sera provisoirement fatale à la fin des années 50. On se rend mal compte aujourd'hui de la manière dont le rock'n roll chamboula le monde bien ordonné du show business, et la haine qu'il suscita dans les mileux conservateurs mais aussi de la part d'une certaine élite culturelle qui ne jurait que par le jazz ou le folk.


1. Chuck Berry – Johnny B Goode (1958) :

s'il est sans doute le premier guitar-hero de l'ère rock, et ce titre repris par Hendrix sur scène l'atteste, Chuck Berry était aussi un fantastique auteur-compositeur, sachant croquer comme personne des tranches de vie adolescentes.


2. Elvis Presley – Heartbreak Hotel (1956) :
1956, c'est l'année Presley, celle où le King, qui a quitté Sun Records, aligne 3 numéros 1 et squatte 25 semaines en tête des charts américains. Heartbreak Hotel, le premier d'entre eux, est enregistré à Nashville sous la direction de Chet Atkins.

3. Georges Brassens – Je m'suis fait tout petit (1956) :
à la fin des années 50, Brassens atteint les sommets de son art. Ses musiques s'affinent, témoin cette superbe chanson dédiée à sa compagne Joha Heiman dite Püpchen (poupée en Allemand), dont il aura l'honneur de ne pas demander la main dix ans plus tard.

4. Jimmy Rogers – Walking By Myself (1956) :
le petit bijou oublié de la sélection, cet excellent morceau de Chicago blues par le guitariste de Muddy Waters, avec en prime un des plus fabuleux solos d'harmonica du blues, signé Big Walter Horton.

5. Serge Gainsbourg – Le Poinçonneur des Lilas (1958) :
Il apparaît tout à coup avec sa tronche de chou-fleur, timide, droit comme un I sur scène ou les plateaux de télé. Sa première chanson, un chef d'œuvre, n'a pas pris une ride, car elle traite de l'universelle aliénation urbaine symbolisée par ce p… de métro que je prends tous les jours.

6. The Crickets – That'll be the day (1957) :
le premier chouchou des critiques (normal, il a des lunettes), c'est lui. Loin de la folie de Little Richard ou de Jerry Lee, Buddy Holly, avec sa trombine de premier de la classe, compose de petits bijoux pop-rock à la sauce texane et surtout annonce les Beatles. Des criquets aux scarabées, il n'y a qu'un coup d'ailes.

7. Sonny Rollins – Strode Rode (1956) :
le colosse du saxophone a enregistré de bien belles sessions au milieu des années 50, mais s'il n'en faut qu'une c'est bien Saxophone Colossus, album qui résume son style virevoltant et accessible à tous. Un must du bebop.

8. Domenico Modugno – Nel blu di pinto di blu (Volare) (1958)
ce morceau, c'est histoire de ne pas oublier que les gens n'écoutaient pas que du rock en 1956-58. "Volare" est d'ailleurs le 45 tours qui resta le plus longtemps en tête des charts mondiaux en 1958. Malgré cela, la chanson, qui représentait l'Italie à l'Eurovision 1958, ne se classa que troisième.

9. Jerry Lee Lewis – Great Balls Of Fire (1957) :
lorsqu'il déboule comme une furie sur la scène publique, Jerry Lee Lewis est le pire cauchemar de tout parent bien pensant. Un redneck déchaîné qui martèle son piano en hurlant des chansons équivoques sur des grosses boules de feu, et qui est d'ailleurs convaincu qu'il finira en enfer pour avoir joué la musique du diable.

10. Carl Perkins – Blue Suede Shoes (1956) :
totalement inconnu du grand public, Perkins est pourtant un des grands pionniers du rock'n'roll avec Elvis, Chuck, Jerry Lee et les autres. Excellent songwriter et guitariste, ce fils de fermiers pauvres du Mississippi avait parfaitement su marier la country et les rythmes noirs. En 1956, alors que sa chanson "Blue Suede Shoes" commence à décoller, il est victime d'un accident qui l'écarte de la scène. C'est Elvis qui popularisera sa chanson à sa place. Le monde est parfois injuste…

11. Henri Salvador – Dans mon île (1958) :
Que dire de Salvador ? Artiste ultra doué, fin guitariste de jazz, interprète capable de tout chanter, du rock'n'roll aux ballades sentimentales en passant par les airs traditionnels de ses chères Antilles, comique irrésistible, il est probablement le plus fantastique entertainer français d'après guerre. Ce titre lascif a été cité par Antonio Carlos Jobim comme une de ses principales influences lorque le sorcier brésilien concocta le son et les accords de la bossa nova.

mardi 4 mai 2010

1953-55 : La Playlist


Ces trois années voient apparaître le rock'n'roll, qui explosera à la fin de la décénnie, et qui vient s'ajouter ici au jazz, à la country, à l'âge d'or de la chanson française et à l'émergence des musiques du monde. Qui a dit que les années 50 sont chiantes ? Personne j'espère…

1. Elvis Presley – That's All Right Mama (1954) : l'acte de naissance du rock, "le jour où la musique s'arrêta", quand un jeune et beau camionneur de Memphis enregistra cette reprise du bluesman Arthur Crudup, et en face B, un morceau de country dont il sera question plus bas.


2. Little Richard – Tutti Frutti (1955) : quoi de plus jouissif que Little Richard ? L'éxubérante tata de New Orleans invente un style vocal qui fera des heureux dans la décénnie suivante (McCartney, Creedence) et arrive à balancer au grand public qui ne s'en rend pas toujours compte, des chansons sur des travelos qui hantent les bas-fonds de sa ville natale. Le tout sur un rythme à réveiller les morts.




3. Chet Baker – My Funny Valentine (1954) : le trompettiste classique Romain Leleu a dit de son instrument qu'il est une extension de la voix. Et vice versa. Chet chante comme il joue, avec un phrasé unique propre à faire fondre les cœurs les plus endurcis.


4. Boris Vian – Le Déserteur (1955) : écrite juste alors que la guerre d'Indochine laisse la place à celle d'Algérie, cette magnifique chanson –bien sûr interdite d'antenne- ne doit pas faire oublier aussi la dizaine d'autres titres plus légers que le grand Boris enregistra en 1955, sans aucun succès d'ailleurs.




5. Johnny Cash – Folsom Prison Blues (1955) : c'est en Allemagne, exilé dans sa base militaire, que le jeune natif de l'Arkansas imagine cette histoire de trains et de prisons –deux grands thèmes de la chanson sudiste. Lorsque la country se transforme en rock'n'roll…


6. Bill Haley & the Comets – Rock Around The Clock (1954) : … ça donne le rockabilly, popularisé par le papy à l'accroche-coeur, un peu oublié de la légende du rock, mais qui fut pourtant le premier à utiliser le terme en musique, avec un immense succès populaire.



7. Sarah Vaughan – Lullaby Of Birdland (1955) : associée à Clifford Brown (trompette) mais aussi le fabuleux Herbie Mann à la flûte, Sarah enregistre pour Mercury un album inoubliable de swing et de justesse.


8. Dean Martin – That's Amore (1953) : les mandolines, le soleil, le port de Naples.. la folie italo envahit les USA en 1953 avec ce méga-tube qui fait immédiatement penser aux Soprano ou à Scorcese. A lire absolument : la bio de Dean Martin par Nick Tosches.



9. Bill Monroe – Blue Moon Of Kentucky (1954) : donc, en 1954, Elvis reprend "Blue Moon Of Kentucky" en face B de son premier 45 tours. En entendant ça, Bill Monroe, le vieux patriarche du Bluegrass, flaire les gros sous, et réenregistre son standard. Le résultat dépasse à la fois l'original et la version d'Elvis. Sublime.



10. Big Joe Turner – Shake, Rattle and Roll (1954) : Joe Turner est de la génération des blues shouters, ceux qui n'ont pas toujours connu le micro. Une voix hénaurme, un swing irrésistible, des paroles salaces : Bill Haley en fera un hit (en édulcorant quelque peu le texte).


11. Grand Kallé & African Jazz – Ambiance Kallé Catho (1954) : Dans les années 1950, sur les deux rives du fleuve Congo, à Kinshasa et à Brazza, les premiers groupes de rumba africaine enregistrent. Une relecture jouissive, à l'Africaine, des rythmes des Caraïbes, qui ont retraversé l'Atlantique, avec une utilisation unique (et hyper moderne) de la guitare électrique.
Ambiance…




jeudi 22 avril 2010

Ali Farka Touré & Toumani Diabaté - Ali & Toumani (2010)



Second enregistrement de ces deux géants de la musique malienne, le lumineux "Ali and Toumani" est aussi le dernier du grand Farka, mort peu de temps après, en 2006. Voyage merveilleux, ode à l'amitié et à la vie : bien plus qu'un disque posthume supplémentaire.


Londres, 2005. Enthousiasmé par "In The Heart Of The Moon", le premier album d'Ali Farka Touré (guitare) et Toumani Diabaté (kora), le producteur et ingénieur du son Nick Gold accepte avec enthousiasme la suggestion de Toumani de réaliser un deuxième enregistrement à Londres des deux musiciens de passage en Europe.

Ali est malade. Le cancer est en train de terminer son travail. Le disque est enregistré en trois après-midis, avec l'aide du grand contrebassiste cubain Orlando 'Cachaíto' López, décédé lui aussi en 2009, et la participation du fils d'Ali, Vieux Farka Touré. Fatigué, le vieux guitariste doit faire des poses de plus en plus longues, mais insiste pour terminer l'enregistrement. On comprend maintenant pourquoi dans sa langue Farka signifie l'âne : pas plus têtu que lui… Comme sur "Heart Of The Moon", et à la demande d'Ali Farka, il n'y eut aucune répétition avant l'enregistrement. Les deux hommes se connaissaient tellement bien qu'il n'y en eut nul besoin, et on les sent soudés comme les doigts de la main à l'écoute de ce nouvel album enchanteur.

Sur les onze morceaux qui le composent, c'est toujours Ali Farka Touré qui joue le thème mélodique, et la kora de Toumani vient s'enrouler autour avec le sens et l'intuition du grand koraïste, qui une fois de plus fait de véritables merveilles avec ses 21 cordes. Les titres s'écoutent presque comme une suite ininterrompue, airs traditionnels des régions respectives des deux compères (le Nord du Mali pour Touré, le Sud mandingue pour Diabaté), improvisations, reprise de vieux succès d'Ali, avec parfois des accents cubains ou bluesy, car Toumani et Ali se sont toujours ouverts aux autres cultures musicales. Cette musique est toujours aussi envoûtante, comme hors du temps et de l'espace. Tout comme son prédécesseur, cet album pourrait servir de parfaite introduction à l'univers de ces deux immenses musiciens.

Si Ali est parti (le Et voilà qui clôture la dernière piste symbolise ce départ), Toumani, qui lui a offert un morceau de son dernier album, continue à faire vivre sa mémoire avec une tournée qui passera le 18 mai par le Casino de Paris, et surtout un projet avec Ry Cooder, qui prévoit de réunir musiciens cubains et africains dans un album à paraître en fin d'année.
En attendant, ce merveilleux disque nous tend les bras.

mercredi 14 avril 2010

1950-52 : La Playlist




Bienvenue pour une nouvelle exploration de l'histoire de la musique avec les lointaines années 1950, tristement oubliées et pourtant bourrées de pépites en tous genres.


1. Georges Brassens – Le Gorille (1952) : l'arrivée de Brassens dans le très sage show biz français est un cataclysme. Evidemment, quand on débute avec un tel brulôt… Un des sommets de la chanson. Le tout sur deux accords de guitare;

2. Hank Williams – Long Gone Lonesome Blues (1950) : Hank senior est lui aussi un monument dans son genre, le plus rock des chanteurs country avant Johnny Cash. Son blues, son romantisme et ses chansons inoubliables font encore fondre les cœurs aujourd'hui;

3. Percy Mayfield - Please Send Me Someone To Love (1950) : Moins connu, ce crooner-songwriter fut surnommé le "poète du blues". Beau gosse défiguré par un accident en 1952, il n'en continua pas moins à écrire, offrant "Hit the Road Jack" à Ray Charles.

4. Billie Holiday – I Only Have Eyes For You (1952) : alors que les ravages de l'alccol et de la drogue commencent à se faire entendre sur sa voix de velours, Lady Day enregistre dans les années 50 avec de petites formations dans un style feutré, très "lounge". Chanson de Duke Ellington, Oscar Peterson au piano, Holiday au chant : que de mande le peuple ?

5. Charlie Parker & Dizzie Gillespie – Bloomdido (1952) : c'est bien sûr l'émergence du be bop qui marque le jazz d'après-guerre. Sur cet enregistrement, trois monstres du style sont réunis : Bird, Diz et Thelonious mOnk au piano.



6. Jackie Brenston & His Delta Cats - Rocket 88 (1951) : c'est Ike Turner, guitariste, auteur-compositeur et découvreur de talents pour Sun à Memphis qui se cache derrière ce titre, considéré par beaucoup comme un des tous premiers authentique rock 'n' rolls.

7. Lester Flatt & Earl Scruggs - Foggy Mountain Breakdown (1950) : en country music, deux styles triophent au lendemain de la guerre : le honky tonk de Hank Williams, qui influencera le rock, et le bluegrass, inventé par Bill Monroe, beaucoup plus roots et campagnard. Earl Scruggs, virtuose du banjo, révolutionne totalement l'usage de cet instrument dans ce classique redécouvert en 1965 dans la bande originale de Bonnie and Clyde.

8. Nat King Cole – Mona Lisa (1951) : grand musicien de jazz et de blues de la côte Ouest, Nat King Cole s'illustre aussi en crooner avec des bluettes pop comme cette adresse à la Joconde, un des plus grands succès des années 50.



9. Blind Blake – John B Sail (Sloop John B) (1951) : la curiosité de cette liste. Entre blues et calypso, ce chanteur des Bahamas signe deux ou trois albums qui sont de véritables pépites. Les Beach Boys, qui reprendront cette chanson sur Pet Sounds, avaient décidément très bon goût. Pour en savoir plus, cliquez ici (lien vers mon blog)

10. Gene Kelly – Singing In the Rain (1952) : encore un immense succès populaire que cette comédie musicale. Indispensable à cette liste, car à la fois archi connu et irrésistible. Mais laissons parler les images.

11. Luis Mariano – Mexico (1950) : impensable aussi de nous quitter sans Mariano Eusebio González y García, le prince de l'opérette. Pas si ringard que ça, mais même pas du tout. Sa maîtrise vocale est tout simplement bluffante. Et en plus c'est drôle !

mardi 6 avril 2010

Gent del Desert - Molles (2009)



Gent Del Desert - La Ciutat y la vinya


Gent del Desert est un groupe de la région de Valence, qui chante exclusivement dans sa langue régionale, une variante du Catalan. Sur ce deuxième album autoproduit, ils marient des textes de poètes locaux avec une musique folk-rock ouverte à de multiples influences, entre tradition et modernité.

C'était au départ une bande d'amis, un collectif du nom d'El Desert de la Paraula, qui se réunissaient régulièrement pour chanter, lire des poèmes et discuter rimes, littérature et musique. Gent del Desert, la branche musicale du mouvement, est née en 2006 grâce à Jesus Barranco, musicien et leader, qui avec son compère Marc Pérez commença à mettre en musique tous ces mots.

Un premier album, “El Pèndol i la Terra”, est sorti en 2007, où les textes étaient scandés (façon "spoken word" à la Gil Scott Heron) sur des musiques traditionelles et où la guitare, le plus souvent espagnole, se taillait la part du lion.

Sur "Molles", paru en 2009, le groupe a passé un cap. Le chant est beaucoup plus utilisé, et surtout la musique prend une tournure plus rock, plus "produite", avec un véritable groupe et de nombreux musiciens, fonctionnant, à la manière des posses du hip-hop, comme un collectif, avec un noyau dur autout duquel gravitent musiciens et poètes invités.

Avant d'aller plus loin, un petit exposé du contexte culturel s'impose : le Catalan du pays valencien, la langue dans laquelle nos amis s'expriment exclusivement, a été victime, comme toutes les langues locales de l'Espagne, d'un véritable phénomène de répression de la part du gouvernement central depuis le 18è siècle. Interdit sous Franco, banni des écoles, des théâtres et des documents publics, le catalan résistait, notamment avec la canço apparue dans les années soixante et dont les plus célèbres représentants furent Luis Llach, Joan manuel Serrat, ou Raimon pour le Valencien. Curieusement, la movida des années 80, dans son "modernisme" affiché, sonna le glas de la canço et la résurgence de la musique régionale ne se fit massivement que dans les années 1990 et 2000. Aujourd'hui la musique en valencien se porte plutôt bien, et la langue est chantée non seulement par des groupes à vocation folk mais aussi par des rappers, des musiciens électro ou des rockers.

Molles, avec ces sonorités plus "mondiales", participe de cet affranchissement, et le groupe regarde désormais à la fois vers l'intérieur, la tradition, le passé, mais aussi vers l'extérieur, en incorporant de multiples influences, ce qui rend l'écoute agréable et jamais monotone. On ne sait jamais vraiment ce qu'ils nous résèrvent pour la prochaine chanson, et même si parfois on est au bord de l'éparpillement, cet éclectisme a le mérite de ne jamais nous endormir. Disons que le son de Gente del Desert s'articule autour d'une base folk-rock méditerranéen, avec des incursions vers les musiques latino-américaines, le reggae, et un parfum d'épices venues d'Afrique. Côté instruments, c'est la profusion : aux guitares, basses et batterie viennent s'ajouter au gré des morceaux accordéon, banjos, guimbardes, mandolines, pedal steel, kazoo, harmonicas, tubas, pianos et toutes sortes de percussions, bref un bastringue à rendre jaloux Tom Waits ou les Pogues, même si par moments là aussi on est au bord de l'encombrement.

A l'instar de leurs homologues français des Fabulous Trobadors ou Moussu T E Lei Jovents, ils assimilent les musiques d'autres peuples pour mieux mettre en valeur leur propre culture.

Les textes bien sûr sont très importants, mais le Valencien, plus proche du Français que l'espagnol castillan, nous révèle du sens par bribes, comme à travers un maillage. Les traductions gracieusement fournies par l'entourage du groupe m'ont fait découvrir des textes variés, puisqu'une dizaine d'auteurs différents, vivants ou disparus, sont repris dans l'album. On y trouve notamment une magnifique chanson d'immigrants, La Ciutat y la vinya, sur le travail saisonnier des Valenciens dans le Rousillon; un souvenir d'enfance avec El Record, véritable scénario à la Almodovar sur des gamins qui passent tous les jours devant un bar à putes, sur fond de valse western avec piano de saloon et pedal steel guitar; ou encore, la chanson-gag Education for citizenship qui ridiculise le gouvernement conservateur de la communauté valencienne auteur d'un projet absurde de cours d'éducation civique…en Anglais.

Bref, un groupe prometteur, qui, on l'espère, travaille à un nouvel album.

Gent del Desert sur Myspace

mercredi 10 mars 2010

1979 : la playlist


On peut le déplorer, mais 1979, c'est déjà un peu les années 80. Arrivée du rap, de Joy Division, dernières paillettes disco… soixante dix neuf, c'est l'année du neuf (elle est très mauvaise, celle-là , non?).

1. The Clash – London Calling : L'incontournable de l'année, ou comment un groupe punk énervé sort en un rien de temps un double album qui deviendra un immense classique. Très vite sorti du carcan punk, le groupe intègre même du disco dans sa musique (on les verra jouer avec Chic). Justement…

2. Chic – Good Times : en matière de disco, qui fait mieux musicalement que le groupe de Nile Rodgers ? "Le Freak" en 78, "Good Times" en 79, deux tubes planétaires. Rodgers est aussi un immense producteur (Diana Ross mais aussi Bowie en 83, ou encore Madonna et Duran Duran).

3. Michael Jackson – Don't Stop Till You Get Enough : on porte "Thriller" aux nues, mais le "Off the Wall"sorti cette année-là ne souffrirait pas de la comparaison avec son illustre successeur. Michael maîtrise déjà parfaitement son affaire.

4. Growling Tiger – Money Is King : la perle oubliée de cette playlist. Ancienne superstar de la calypso trinidadienne d'avant-guerre, le Tiger est redécouvert et interprète avec un groupe d'excellents musiciens latinos ses plus grand succès. Dont ce titre aussi savoureux musicalement que drôle et acerbe socialement.



5. Sugarhill Gang – Rapper's Delight : le groupe responsable premier tube de rap était en fait un ensemble monté de toutes pièces par la productrice Sylvia Robinson pour sa maison de disque Sugarhill Records. On reconnaîtra bien sûr la ligne de basse de… "Good Times". Niles Rodgers, d'abord très énervé, obtient finalement d'être crédité sur la pochette.


6. Joy Division – Transmission : Bon là on change de décor, avec le premier succès de la bande à Ian Curtis. Mais bon, à part les rappers et les gothicos-post punk, que nous apporté les eighties ? Ah, si, le "hair metal".

7. AC/DC : "Highway to Hell" : les Australiens ont attendu le septième album, le dernier avec le chanteur Bon Scott, décédé en février 1980, pour atteindre la consécration et entrer au top 100 américain. La chanson, loin d'être une ode à Satan, décrit la vie d'enfer du groupe condamné à bouffer constamment de la route lors de leurs incessantes tournées.

8. Gloria Gaynor – I Will Survive : sorti en octobre 78, ce titre était à l'origine une face B, ce qui explique son explosion tardive, l'année suivante. Aux states, c'est un hymne féministe et anti-Sida, chez nous, c'est surtout la bande-son d'un certain 3-0, bien sur.

9. Madness – One Step Beyond : on ne parle pas assez de Madness dans les histories du rock. Pourtant la joviale bande d'habitués de fans de reggae et de Doc Martens vintage sont toujours là et sortent encore d'excellents albums. Mais "One Step Beyond", reprise d'une vieillerie du Jamaiquain Prince Buster, reste inoubliable. "Hey You, don't watch that, whatch this !"
10. Pretenders – Brass in Pocket : un des premiers success de la bande à Chrissie Hynde, qui allait cartonner l'année suivante avec son premier album.

11. Alain Chamfort – Manureva : à l'heure ou Chamfort sort (uniquement sur le net) un album-hommage à Yves Saint-Laurent, rappelons nous ce grand tube écrit par Gainsbourg. Mais saviez-vous qu'au départ, la chanson s'appelait "Adieu California ? " Chamfort, peu convaincu par le texte, en fit part à Gainsbourg qui changea ses paroles à la dernière minute après un dîner chez Riguidel. CBS stoppa alors la fabrication du simple, Chamfort retourna ré-enregistrer sa voix. Résultat : tube.

Voilà, c'était forcément la dernière playlist consacrée aux seventies, mais on se retrouve dans quelques semaines… trente années plus tôt puisqu'on attaquera les années cinquante (puis soixante). See you later, alligators !

vendredi 5 mars 2010

First Aid Kit - The Big Black and the Blue



Ces deux sympathiques sœurs suédoises nous offrent un album de pure folk, rafraichissante à souhait, même si leur musique manque parfois d'originalité et regarde un peu trop du côté de la néo-folk de la côte Ouest (Fleet Foxes, Alela Diane). Mais bon, elles n'ont que 16 et 18ans !!


Les fans de Fleet Foxes s'en souviennent : fin 2008, on peut voir sur Youtube deux très jeunes adolescentes en chemises à carreaux, reprendre le Tiger Mountain Peasant Song des chevelus de Seattle, avec pour décor une forêt de sapins. Le petit texte accompagnateur précisait "We're First Aid Kit and we're a sisters-duo from Sweden. In the summer of 2008 we did this cover of "Tiger Mountain Peasant Song" by Fleet Foxes".

2 ans plus tard, via la maison de disques, on reçoit à Etat-critique cet album. La promo les désigne comme des "bébés Fleet Foxes".

Et en effet, la première écoute révèle une forte filiation - notamment dans le In The Morning inaugural - avec le groupe de Colin Pecknold. Harmonies vocales, guitares acoustique, passages a capella, tout y est, mais pourtant, on aime. Bon, on ne peut pas dire non plus que ce sera le disque de l'année 2010, mais tout de même, ces deux jeunes sœurs suédoises ont la bonne idée de nous insuffler un bon bol d'air frais (forcément, venu de Suède, en janvier…).

Leur musique sans concession les rapproche aussi énormément de quelqu'un comme Alela Diane, dont Klara, la chanteuse principale, a le timbre..

Ce qui impressionne tout de même, c'est que Klara et Johanna Söderberg n'ont que 16 et 18 ans. Là, on peut leur pardonner leur côté ingénu. Ecrire des chansons comme Heavy Storm à cet âge-là, ma foi, c'est plutôt pas mal.

Ce serait fort mal connaître la Suède que de dire que ce pays ne produit que de l'electro-pop style The Knife ou Fever Ray. Une solide scène folk existe dans ce pays qui est très proche culturellement des Etats-Unis. On peut citer The Tallest Man on Earth ou Taxi Taxi parmi les espoirs de cette génération.

Les deux sœurs Söderberg, elles, ont découvert la bonne musique en écoutant le « Bright Eyes » de Conor Oberst et n'ont démarré qu'en 2007. Depuis, albums et tournées s'enchaînent, et de notre côté on espère que ce joli duo aux voix célestes saura pousser et grandir.

Leur Myspace

Un post (en Anglais) par mon collègue de Groover's Paradise, Ramone666.